Le souffle jazz
Benny Vasseur est un homme du nord, né au printemps 1926 dans une famille où l’on aimait et jouait de la musique. Son père travaillait dans une banque et avait fait le conservatoire, il jouait du trombone, comme le frère ainé de Benny.
Benny a appris le piano dès l’âge de 7 ans et continue jusqu’à 17 ans. Benny en fait voulait jouer de la trompette, mais son père lui a dit tu joueras du trombone comme ton frère. Il a fait ses débuts en jouant pour les soldats américains. Il se souvient des batailles entre soldats à coup de disques, avec un peu de chance il pouvait récupérer quelques disques après la bataille comme ceux de Tommy Dorsey.
Après la libération, Benny travaille comme greffier au tribunal de Cambrai. Ses loisirs il les passe au Hot club de Cambrai et en jouant du trombone.
A vingt ans il monte à Paris pour se perfectionner, il lisait bien la musique, improvisait et faisait des chorus. Il a débuté avec Roger Guérin, dans l’orchestre du Club Saint Germain, dirigeait par Jean Claude Fohrenbach, Club animait par l’incontournable Boris Vian. Là il retrouve Alph Totole Masselier.
Benny fait son premier disque de Jazz avec Claude Bolling et Maxime Saury en 1947. Puis avec l’orchestre Ray Ventura il enregistre des musiques de films dont Nous irons à Paris en 1950 Puis ce sera la radio, Chaque lundi en direct avec l’orchestre de Pierre Spiers à Montparnasse. En 1959, Il suivra Pierre Spiers et ses compagnons à Télé dimanche, l’émission de Raymond Marcillac qui se déroulait rue Cognacq Jay. Benny se souvient d’un dimanche, alors qu’il jouait du trombone dans les toilettes, où Léon Zitrone répétait la présentation du journal télévisé, et en bruit de fond il y avait le trombone !
En 1951 Aimé Barelli cherchait un tromboniste de jazz qui faisait des Chorus. 3Benny est retenu, il passe ainsi Chez Carrère, un club de Jazz au 45 bis rue Pierre Charron près des Champs Elysées.
Tromboniste reconnu, il fait de nombreuses séances pour Aznavour, Bécaud, Piaf, Brel. Pendant 40 ans Benny a fait entre 3 et 5 séances par jour. Une séance mémorable est celle de l’enregistrement de l’âme des poètes de Charles Trenet, la séance se déroula un dimanche, dans l’après-midi pour se terminer à 4 heures du matin. Dominique Doussaint en fait le récit (site http://www.charles-trenet.net/) « Nous sommes le 8 janvier 1951. Retenu par ses tournées autour du monde, Charles n’a plus enregistré depuis des mois lorsqu’il franchit, ce jour-là, les portes du studio. Le directeur de Pathé-Marconi, Jean Richard (un ex-musicien de la Garde Républicaine qui n’avait rien à voir avec son homonyme, doublure de Maigret reconvertie dans le cirque) la trouvait déjà particulièrement saumâtre : ce jour-là, c’était un dimanche et pour payer les techniciens et musiciens au tarif des heures supplémentaires, gare au portefeuille ! Charles, toujours indécis quant à l’accompagnement digne de son Ame des poètes avait battu le rappel de tous les musiciens de talent. Pour la cause, Charles Delaunay, directeur de la revue Jazz Hot, avait fait chauffer le téléphone arabe et le tout jazz français était là : André Ekyan, Hubert Rostaing, Michel de Villers (clarinettes et saxes), Lucien Simoëns (contrebasse), René Duchossoir (guitare), Armand Molinetti (batterie), Benny Vasseur (trombone)… Même l’illustrissime Django Reinhardt, connu pour ses retards légendaires qui eussent pu électriser un Trenet particulièrement pointilleux sur les horaires, avait répondu présent. C’est pour cette damnée Ame des poètes que les choses se gâtèrent sérieusement. Les heures passaient, les essais se succédaient, on ajoutait un musicien, on en retirait un autre, celui-ci remplaçait celui-là, celui-là jouait un peu plus fort, celui-ci un peu plus bas… rien n’avait l’heur de plaire au chanteur qui commençait à avoir ses nerfs ! Pourtant, certains de ces essais étaient apparemment fort réussis, comme le narre Daniel Nevers qui déplore également que tous ces brouillons soient aujourd’hui définitivement perdus. C’est vrai que nous aurions aimé entendre ce que fit Django ce jour-là… Prétextant un rendez-vous, Django, justement, s’éclipsa vers 18h, suivi par Rostaing, Villers… et puis d’autres encore s’égayèrent plus ou moins discrètement. La petite troupe des musiciens ainsi dégarnie, Charles sentant la moutarde lui monter au nez, en profita pour décharger toute son ire sur quelques journalistes qui passaient par là.
Enfin, dans un coin oublié, quelqu’un avisa, un instrument bizarre à clavier :
– « C’est quoi, ce truc ? »
– « C’est l’ondioline du père Jenny », répondit un connaisseur. (L’ancêtre du clavier)
Et en effet, ce clavier électronique, ancêtre du synthétiseur, inventé par Georges Jenny à la fin des années ’30, permettait de créer des sonorités dites stratosphériques par l’intermédiaire d’une série de filtres. Vu son passé de pianiste, c’est le tromboniste Vasseur qui s’y colla. Le mot n’est pas trop faible car l’engin n’était guère commode à manœuvrer… Charles fut séduit par les sonorités de l’engin et vers minuit, en cette nuit du 8 au 9 janvier, l’âme des poètes voyait le jour. Complètement lessivé après ces glissandos et ces vibratos, Vasseur déclara forfait pour la suite des enregistrements. Les musiciens de ce quartette ondioline improvisés furent royalement payés, au grand dam de Jean Richard. Pourtant, l’investissement s’avéra plus que rentable, puisque, pour Pathé-Marconi, L’âme des poètes devint l’une des plus grandes ventes de l’époque. D’ailleurs, depuis lors, ce titre n’a jamais quitté le catalogue de la firme.
Le Jazz
Benny Vasseur a fait ses grands débuts en 1949 avec Rex Stewart le dimanche après-midi au Bœuf sur le toit, dans le cadre des après-midi d’Eddie Barclay, Rex Stewart l’a engagé. Il remplace Sandy William, reparti pour New York, fatigué et malade, il décédera en 1950. Avec Rex Stewart Benny fait une tournée d’un mois en Suède. Rex Stewart m’a engagé car je lisais la musique. Ils passeront aussi au théâtre Edouard VII le dimanche après-midi.
Rex Stewart est un trompettiste né en février 1907 à Philadelphie, décédé à Los Angeles en septembre 1967. Influencé par louis Armstrong, Bix Beiderbecke, il jouera avec l’orchestre du réputé Fletcher Henderson en 1926, en 1934 Duke Ellington le recrute pour son Big band pour remplacer Freddie Jenkins, Il reste 11 ans avec Duke, co-auteur de titres à succès comme Morning glory et Boy meets a horn. En 1946 il forme son orchestre et fait des tournées en Europe, et Australie entre 1947-1951. Il enregistrera à paris avec Django et Hubert Rostaing, et donne des conférences au conservatoire de Paris.
Benny jouera aussi avec Dizzy Gillespie, Coleman Hawkins, fera le bœuf avec Charlie Parker et Miles Davies au Club Saint Germain.
De 1953 à 1957, il joue avec Claude Luter et enregistre notamment le poinçonneur des Lilas. Ils font des tournées d’été avec Bécaud, puis Aznavour qui rodait ses nouvelles chansons, comme sur ma vie, j’aime Paris au mois de mai,… qui connaîtront un grand succès. Dans l’orchestre de Claude Luter qui accompagne Sydney Bechet ils font la réouverture de l’Olympia en février 1954, à la même affiche un jeune débutant qui fera bientôt parler de lui : Gilbert Bécaud.
Sur scène il a tourné avec Annie Cordy de 1960 à 1970 tour du monde.( jean francois batterie,
En 1959 Il rejoint l’orchestre de Raymond Lefèvre avec lequel, il restera 18 ans, il fera les émissions, Télé dimanche, (59- 68) Le Grand échiquier (72-86), Dimanche Martin (80-88), et les raisins verts de Jean Christophe Averty. (1963 à ?)
Il a fait connaissance avec André Paquinet lors d’une séance avec Ray Ventura pour enregistrer une musique de film. Son frère lui a dit écoute ce gars il joue terrible ! Il fait connaissance avec Django au Club Saint germain et fait le bœuf
Puis Benny fait des disques avec André Paquinet chez festival, dans le style Jay & Kai
Chez Barclay il enregistre beaucoup de disques dont tous les Quincy Jones et de nombreux disques de variétés le principe était pour chaque chanteur d’enregistrait en deux tempos différents
Dans la décennie 50, Benny Vasseur a joué avec Dizzy, Coleman Hawkins, au club Saint Germain, il a joué avec Roy Elridge et il a enregistré avec les accompagnateurs de Duke Ellington pour Paris blues. On le retrouve dans beaucoup de séances de Chet Baker in Paris.
Les américains à Paris donnent l’occasion à Benny Vasseur de faire des jams sessions avec Charly Parker, Miles Davies, l’orchestre du Duke au club Saint germain tard dans la nuit ou tôt le matin en 1948.
En 1952 il rejoint l’orchestre d’Aimé Barelli et début 1953, en mars 53 aux trois maillets avec michel attenoux , tous les dimanche émiddion au rex jazz variétés, plus tournée d’érté.
De 1953 à 1957 Benny Vasseur joue avec Claude Luter, il a aussi enregistré avec Eleck Backsik, le guitariste hongrois, avec Gainsbourg » le poinçonneur des lilas. »
Puis Benny a joué dans l’orchestre de Raymond Lefèvre au Palmarès de la Chanson pendant 18 ans. Ensuite il allait faire le bœuf au Club Saint Germain., il est aussi passé au Vieux Colombier avec Claude Luter. Un autre bon moment sont les émissions avec Jean Christophe Averty, comme les raisins verts et Jazz à Juan. Benny a aussi fait les émissions de Jacques martin : Dimanche Martin.
Dans les années 50-60, il y avait aussi une vraie vie nocturne et de nombreuses boîtes où jouaient les musiciens de jazz : le Steffy club près des Champs Elysées, Benny Vasseur y joua avec Claude Bolling.
Il est passé aussi aux trois Maillets, rue Galande dans le V°, au caveau de la Huchette, au Slow Club, à la cave du Vieux Colombier, sous le théâtre du Vieux Colombier,
En studio Benny a joué avec Jack Diéval, et avec Claude Bolling, et Hubert Fol avec lequel il a connu des moments inoubliables. Il a fait énormément de séances avec Alph Masselier et Roger Guérin.
Avec Quincy Jones dans les studios Barclay, il fera les séances pour les chanteurs de Jazz américains : Tony Bennett, Sammy Davis, Harry Belafonte ,,, pendant la grève des musiciens américains en 1957-58. Chaque chanson était enregistrée sur deux tempos différents. Quincy faisait les arrangements et dirigeait l’orchestre, dans l’orchestre il y avait Charles Verstraete accordéon et trombone, trombones :, Gaby Vilain, André Paquinet, Fred Gérard, trompette :Fernand Verstraete (futur trompette boy, Roger Guérin, au saxo les frères Hrasko,Pierre Gossez à qui Benny cédait sa place de temps en temps, , Crolla à la guitare, Alph Masselier ou Pierre Michelot à la basse, au Vibraphone : Mueller, et Berthier au violon, à la batterie Armand Molinetti ,
Parmi les personnalités attachantes du monde du jazz, Benny Vasseur cite Sacha Distel avec qui il a souvent fait le bœuf au Club Saint Germain, et l’a rejoint pour des émissions de Télé comme trombone supplémentaire.
Il a aussi accompagné Barbara au Palm Beach de Cannes, à Monte Carlo en 1958 Frank Sinatra au Sporting.
Son plus beau souvenir, avoir fait le bœuf avec Dizzy Gillespie, et avoir eu la chance de tomber à une belle époque, et le fait de savoir lire la musique lui ont permis de vivre son rêve vivre en musicien.
Les festivals
Parmi les bons moments les festivals de Jazz comme Marciac, Montreux, Antibes, Montségur, Bayonne.…
Benny se souvient de Montreux avec Claude Luter, Luter aimait la Suisse et y jouait souvent entre 1953 et 1957, il se souvient de concert à La Chaux de Fonds .
A Antibes Juan les pins, Benny Vasseur s’y est produit avec Claude Bolling plusieurs fois et la dernière fois avec le Bechet Memories (voir G & D 140) avec Alph Masselier en 2009.
Le festival de Marciac avec Claude Luter et Claude Bolling, un festival dans la campagne gersoise, devenu l’un des plus grands d’Europe.
Le meilleur souvenir
Le bœuf avec Dizzy Gillespie. Les tournées au Japon avec Paul Mauriat.
Son regret n’avoir pu jouer avec Roy Eldrige et Coleman Hawkins aux états unis, aux Etats Unis, il fut remplacé par Urbie Clifford Green , les musiciens étrangers ne pouvaient jouer aux Etats Unis.
Les disques préférés : tendrement votre publié par Columbia, les musiciens sont Benny Vasseur, Roger Guérin, André Paquinet et le disque réalisé avec André Paquinet qui remporta le prix de l’académie Charles Cros : Dixie trombone jazz à danser chez Festival.
La musique
La musiqué l’aide à rester jeune et il joue avec plaisir dans le Big band de Claude Bolling. Benny reconnaît avoir eu la chance de gagner sa vie en satisfaisant sa passion pour la musique.
Parmi les jeunes Birelli Lagrène a beaucoup de talent, il est excellent sur le disque avec l’orchestre de WDR (West Deutsche Runfunk).
Nous souhaitons à Benny Vasseur de jouer encore longtemps pour son plaisir et le note. Vous pouvez le voir au Petit Journal Montparnasse avec L’orchestre de Claude Bolling ou en petite formation au Petit Journal Saint Michel.