Georges ARVANITAS (France)

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Un jazzman fidèle
Georges Arvanitas découvre la musique dès l’âge de 4 ans au moment o£ il prend ses premières leçons de piano. Né en 1931, sa vie va changer lorsqu’à 16 ans, juste après la guerre, il découvre le jazz et le Be Bop avec les disques de Charlie Parker et surtout Bud Powell. Une passion est née qui ne l’a plus quitté.

Né à Marseille il commence à jouer avec un voisin, Marcel Zanini, clarinettiste de jazz, qui connaîtra le succès dans les année 70. Georges Arvanitas qui se destinait à une école de commerce, joue après les cours, il s’essaye au boogie woogie, qu’un pianiste de jazz lui apprend. Après avoir appris à compter les mesures et à connaître les grilles d’accord, il se met à jouer avec des copains dans les clubs marseillais. Là il aura la chance d’accompagner Don Byas en 1949, puis Buck Clayton et James Moody en 1950.

En 1952 vient l’heure du service militaire, Georges prends la direction de Versailles où il va faire ses 18 mois. Là il découvre les clubs du Quartier Latin et remplace de temps à autre André Persiani qui jouait aux Trois Maillets. Le service terminé, Georges reste à Paris, où il est engagé au Club Saint-Germain. Puis il jouera au Tabou et aux Trois Maillets.

Jean BACHELERIE

Interview

Vos parents ont-ils approuvé votre choix ? 

G.A. : Non mes parents voulaient que je fasse des études de commerce, mon père était tailleur. Notre famille est d’origine grecque. Nous avons paraît il des dons pour le commerce, mes parents souhaitaient que je fasse des études et muni d’un bon diplôme que je réussisse dans les affaires. Ma décision de devenir musicien a provoqué une brouille qui n’a pris fin que lorsque ma réussite musicale a été reconnue.

 Où situez-vous votre reconnaissance comme jazzman ? 

G.A. : Sans doute au Blue Note où je suis devenu le pianiste attitré des solistes américains de passage à Paris comme Dexter Gordon, Johnny Griffith, Art Taylor, Sonny Stitt, Donald Byrd, Kenny Clarke, Sonny Chris, Chet Baker …

 Puis avec les années soixante vous devenez musicien de studio ? 

G.A. : Oui je faisais trois séances par jour 9h à midi, 13h30-16h30 et 17-20h. Je traversais Paris en mobylette pour aller d’un studio à l’autre. Ces séances m’ont payé mes points de retraite, je m’en félicite aujourd’hui car j’ Ai ainsi pu payer à ma fille ses études de sciences po.

Je dormais 4-5 heures par jour. On ne savait pas pour qui on jouait, les chanteurs n’étaient jamais là. On faisait la bande d’accompagnement, souvent des trucs très simples trois accords et nous n’avions pas la moindre idée de ce que cela allait devenir.

Parfois à la radio j’entendais un truc de Sheila et je me disais mince mais c’est moi qui joue là. J’étais très demandé car j’étais un des premiers à jouer de l’orgue électrique. C’était de la folie les arrangeurs en mettaient partout.

 Beaucoup de jazzmen ont fait des séances ? 

G.A. : Oui Pierre Michelot, Eddy Louiss, Pierre Cullaz, Roger Guérin et bien d’autres.

 Vous avez joué avec beaucoup de vedettes de l’époque ? 

G.A. : Oui les Chaussettes noires, les Chats sauvages, Henri Salvador (Zorro est arrivé), Nicole Croisille, lesDrivers, Maguy Marshall…Sheila…Les Guitares du diable avec Léo Petit et d’autres jazzmen…Mais je suis toujours resté idèle au jazz et je continuais à jouer en club. C’était vital, c’était mon vrai plaisir.

 Puis en 1964 vous découvrez l’Amérique ? 

G.A. : Six mois de tournée avec le saxophoniste Yusef Lateef et le trompettiste Ted Curson. Puis j’ai travaillé un an dans le big band de Lloyd Price dont Slim Hampton était le chef d’orchestre. J’avais obtenu ces contrats aux USA grâce à Mickey Baker qui m’a amené au syndicat des musiciens. Puis grâce à André Persiani et Reggie Workman, j’ai été engagé par Yusef Lateef pendant un an. L’hiver je rentrais en France pour faire des séances de studio.

 En France avez vous fait de la scène avec des chanteurs ? 

G.A. : J’ai joué avec Maxime Le Forestier, Nicole Croisille et Claude Nougaro en remplacement d’Eddy Louis parti à l’armée.

 Vous avez aussi fait des tournées avec des Jazzmen? 

G.A : J’ai fait une tournée en Belgique et en Bretagne avec Dizzie Gillespie, Kenny Clarke était à la batterie.

 Coté disques de jazz ? 

G.A. : Le premier est ressorti dans la collection Jazz in Paris nous étions avec l’orchestre de Michel Attenoux en 1955. J’ai enregistré aussi avec Don Byas, Coleman Hawkins, Illinois Jacquet, ben Webster, Cat Anderson, Buddy Tate, Sonny Criss, Roland Kirk, Yusef Lateef, Ted Curson, Dave Murray, Pepper Adams, George Coleman Dexter Gordon, Anita O’Day, Bill Coleman, Mickey Baker, Chet Baker, Les Double Six, Jean Claude Forenvach, Guy Lafitte, Barney Kessel, J.Luc Ponty, Harry Edison, Archie Shepp.

Mon premier disque sous mon nom date de 1958, c’était 3 AM chez Pretoria avec Doug Watkins à la basse et Art Taylor à la batterie.Nous avons aussi formé un trio en 1966 avec Jacky Samson, basse et Charles Saudrais à la batterie qui a duré 28 ans.

 Votre meilleur souvenir ? 

G.A. : Le festival de Jazz à Marciac, où j’étais au même programme que Ray Charles, je jouais en première partie avec un saxo et une rythmique, Ray Charles nous a écouté et m’a demandé de rester pour jouer avec lui.

 Vous avez aussi joué au Japon, en Argentine et au Brésil ? 

G.A. : Michel Legrand m’a demandé de l’accompagner au Japon et puis après il m’a repris pour l’Amérique du Sud.

 Vous avez fait beaucoup de disques ? 

G.A. : Une trentaine dont une douzaine avec le trio, j’ai fait Orgue Hammond en 1987 avec le trio plus Jean Claude Olivier (l’ancien leader des Fingers) ressorti chez Orama music.

Merci Georges Arvanitas, continuez à nous jouer ce jazz que vous aimez et que nous apprécions.

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