Guitars Unlimited fut créé en 1965. Raymond Gimenès guitariste de jazz et requin de studio eut l’idée d’un groupe de guitaristes en écoutant les Double Six, groupe vocal français de jazz, qui adaptait les thèmes des grands orchestres de Jazz, comme celui de Count Basie, pour des voix et une section rythmique.
Raymond Gimenès se dit pourquoi ne pas former un orchestre avec 5 guitares et une section rythmique.
Il en parle à son collègue et ami Francis Le Maguer et l’idée devient réalité avec à la clé un contrat d’enregistrement chez Barclay.
Raymond Gimenès a fait le conservatoire de violon. Il est venu à la musique par le violon dont il aimait beaucoup le son. Un de ses cousins était violoniste. Né dans l’Ariège, il va passer du classique au Jazz en se mettant à la guitare à l’âge de 15 ans. Il passe le conservatoire de violon à 17 ans. A 19 ans, il commence à jouer dans des orchestres en particulier à Toulouse la capitale culturelle régionale.
Après s’être fait la main prés du Capitol à la tournerie, rue des tourneurs, Raymond décide de tenter sa chance à Paris en 1959, il a 20 ans.
Là il fait la connaissance de Fernand Verstraete (Trumpet Boy) et rentre dans son orchestre. Il va y rester de 1959 à 1961.
Puis en 1962 c’est l’heure du service militaire, c’est l’entracte pendant un an et demi. En 1964 il revient chez Fernand Verstraete où il remplace pendant quelques jours Francis Le Maguer, son aîné de 10 ans. Ils étaient très copains et habitaient tous les deux à Fontenay aux Roses. Francis doit aller jouer avec un orchestre au Casino de Biarritz. Raymond le remplace chez Verstraete.
A l’époque Francis est le guitariste numéro un à Paris, il fait du studio à tour de bras Aussi à son retour, il propose à Fernand Verstraete de garder Raymond . Puis Francis va l’introduire dans le cercle fermé des requins de studio. Ils vont faire équipe dans les nombreuses séances qui se présentent.
En 1969 c’est l’heure du quatrième album avec Broadway, Cherokee, Blues Unlimited, Nicolle de Charles Verstraete, Chet arrangé par Michelot et Around Midnight de R.Guérin. L’album est construit autour des grands classiques du jazz et de la variété américaine. Guitars Unlimited sont très demandés, passages à la télévision à Discorama, puis à l’émission de variété de Raoul Sangla. Ils font aussi la première partie de Jean Ferrat au palais des Sports à Paris pendant un mois et demi.
Mais en 1970 le groupe n’avait pas atteint le niveau souhaité, alors il va s’éteindre peu à peu. Barclay ne renouvelle pas son contrat. Les ventes ont été bonnes 20 000 exemplaires, mais pas suffisantes pour bâtir un avenir discographique.
Chacun reprend sa carrière de musicien de studio et accompagnateur. Raymond Gimenès termine ses études d’écriture et va pouvoir devenir Chef d’orchestre et arrangeur. Il travaille avec Sacha Distel et Henri Salavador. Aujourd’hui encore Raymond Gimenès continue à diriger les séances de Sacha.
Guitars Unlimited prépare un nouvel album et connaît un changement Frédéric Sylvestre quitte le groupe, son remplaçant est le talentueux Kalid Chahine, qui a déjà fait plusieurs albums, c’est un guitariste proche du jazz gitan.
Les guitaristes gitans admirent beaucoup Guitars Unlimited.
Le prochain album devait voir apparaître des invité de marque comme Eddy Louiss, le pianiste, Didier Lockwood, André Cecarelli et pour un hommage à Django peut être Romane et Stochello Rosenberg.
Jean BACHELERIE
Interview de Raymond Gimenès
Pourquoi la guitare ?
R.G. : Pour le son, pour jouer les accords avec toutes les notes qui résonnent, l’harmonie s’exprime d’une autre façon qu’avec le violon.
Vos premiers enregistrements ?
R.G : Avant de partir à l’armée j’ai enregistré avec Trumpet Boy des trucs comme Tintin et les oranges bleues, j’ai aussi joué avec l’orchestre d’André Bopp et avec Christian Chevallier, notamment les séances pour Richard Anthony en 1961.
Coté scène vous étiez dans le circuit Jazz ?
R.G. : Oui après quelques temps passés à Fontenay, j’ai emménagé dans un petit appartement sous les toits au quartier Latin, rue Dauphine. là j’étais à deux pas de toutes les boites de jazz: le Tabou, le Caméléon, le Club Saint Germain… où je passais les nuits, retrouvant des copains comme Guy Laffitte, un voisin du Gers, Urtregger, Grey, Henri Renaud.
La naissance de Guitars Unlimited ?
R.G. : C’était fin 1964, à l’automne je pars en tournée avec Petula Clarke aux Bands, avec 5 guitares au lieu des saxophones, trompettes et autres trombones. en fait les Double Six faisaient cela vocalement et ça marchait très fort. Parmi les 5 guitares il fallait une basse six cordes qui tiendrait la place du saxophone baryton. J’en ai parlé avec Francis avant de partir. Il m’a dit je réfléchis.
Lorsque je rentre Francis me dit ça marche, on a un contrat d’enregistrement de cinq ans chez Barclay. En fait Francis connaissait Barclay depuis pas mal de temps, ils s’étaient connus dans les boites de Saint Germain des Prés. Cela nous donnait la possibilité de sortir quatre albums.
Le premier album a fait sensation ?
R.G. : Oui jamais des guitares n’avaient offert une telle expression. Le disque a bien marché et nous avons eu un certain nombre d’engagements. Cet album a reçu le grand prix de l’académie Charles Cros. Les morceaux étaient des classiques du big band comme Cherokee, Four Brothers…
Puis on a fait un deuxième album en 1966 avec des titres comme Nuages, Guitar Bounce, Django, Nite blues, Laura de F. Verstaete, Teddy the Toad. l’album a bien marché et nous avons décroché un engagement à la Microthèque. Là tout les gens du métier défilaient pour venir nous écouter, nous avions en particulier trois clients assidus: Sacha Distel, Jacques Dutrons et Hadi Khalafat.
En 1967 on sort un album à partir d’une idée nouvelle: par un système de filtrage on isole la guitare électrique de Django Reinhard, on a réécrit les arrangements et on joue avec lui! Guitars Unlimited s’entourent du gratin de la scène parisienne avec Pierre Michelot, Maurice Vander, et Jean Louis Viale qui avait participé à la séance originale avec Django. L’album fut très bien accueilli.
L’idée de redémarrer Guitars Unlimited ?
R.G. : La nostalgie et l’envie de réaliser un rêve. L’idée faisait vibrer pas mal de monde. Alors j’ai appelé Tony Rallo, Le Maguer et Cullaz nous ont donné le feu vert, car ils ne pratiquaient plus. C’était fin 1994. On a recruté quelques jeunes de 30 à 40 ans Frédéric Sylvestre, Amaury Filliard, Philippe Drouillard et pour la section rythmique Thierry Chauvet, batterie et marc Michel le Bevillon à la Contrebasse. Pendant un an et demi on a travaillé pour mettre le groupe en place et au bout du compte on s’est lancé le 18 mars 1996 au petit Journal. José Bartel qui programme le Lionel Hampton au Méridien Etoile nous fait passer du 11 au 23 novembre. Nous y enregistrons un album live publié chez Night & Day BB 895.2.
Vos racines musicales ?
R.G. : Coté Classique Ravel et Bach, coté Jazz bien sûr Django Reinhardt, et Kenny Burrell ainsi que Wes Montgomery.
Vos meilleurs souvenirs ?
R.G. : Les premières répétitions de Guitars Unlimited à l’Olympia, la polyphonie était devenue réalité.
Certains enregistrements vous ont ils marqué ?
R.G. : Les séances avec Henri Salvador dans l’orchestre de Jacques Denjean Zorro est arrivé, Little Darlène…L’orchestre de Jacques Denjean réunissait une pléiade de grands musiciens comme Ivan Julien, Eddy Louiss, Appivela, Léo Petit, J.L. Vialle, mais aussi les séances de Jazz avec Martial Solal, Slide Hampton, Ivan Julien (Paris Point zéro) avec Colombier aussi.
J’en oublie beaucoup car j’ai enregistré avec Petula Clarke, Aznavour, Bécaud, Brel, et je continue avec Distel.
Vos guitares ?
R.G. : J’en ai une dizaine dont une pleine caisse Jazz qui donne un son très années 50, une Gibson avec un son très clair, une Jacobacci (plate) au son très jazz, une classique pour l’ambiance.
Merci et rendez vous au Petit Journal le 23 mai.