JUMPIN’ JEWELS (Pays-Bas)

Jumping_Jewels

Des années 60 au 21 ème siècle
 The Jumping Jewels :

Les joyaux Hollandais de l’instrumental.

Une interview de Hans Van Eijk, le soliste toujours actif.

Jean BACHELERIE, Juillet 1998.

Une interview de Hans Van EIJK, le soliste.

 Comment es-tu venu à la musique ? 

Je me suis intéressé à la musique avant même de naître ! En fait je ne me souviens pas j’étais très jeune, dés que j’ai pu entendre les sons, j’ai senti le besoin de jouer d’un instrument. Selon mes parents dés l’âge de 3 ans j’ai appris à jouer de l’harmonica. En fait chez nous c’était normal, nous baignions dans la musique. Il y avait de la musique tout le temps, du classique essentiellement, car c’était la musique préférée de mon père, mais je dois reconnaître que malgré sa passion par les grands classiques, il ne m’a jamais forcé à aimer le classique ou n’importe quelle autre musique.

J’ai commencé à jouer de la guitare à l’âge de 13 ans (1957). J’ai pris des leçons de musique classique pendant 5 ans. Quelques mois après j’ai décidé de former un groupe au collège, qui n’en avait pas. A l’époque en 59, il y avait peu de groupes, un ou 2 en Hollande. Bien sûr on connaissait les Shadows et quelques groupes Américains comme Johnny & the Hurricanes, mais en Hollande le Rock and Roll n’était pas encore né.

C’est ainsi qu’en 59 nous sommes montés sur les planches pour la première fois. On avait encore beaucoup de chemin à faire. Puis j’ai fait connaissance avec un chanteur Johnny Lion et nous avons passé une audition chez Philips(1961). L’incroyable s’est produit, on nous a offert un contrat. On est entré en studio pour enregistrer Wheels le tube des String a long, on est entré au top 10 Hollandais, 1961 fut un bel été !

 Que faisaient tes parents ? Etaient-ils musiciens ? 

Mon père jouait du saxo, en amateur et ma mère chantait. Mon père exerçait la profession de comptable.

 Te rappelles-tu de ta première guitare ? 

Oui c’était une Egmond hollandaise, de mauvaise qualité. C’était une guitare sèche jazz electrifiée. Ma deuxième guitare fut une Hoffner, c’était déjà mieux. Pour la petite histoire j’ai acheté la première Fender Stratocaster vendue en Hollande pour 1200 Florins, ce qui à l’époque représentait une fortune.

 Jumping Jewels (les Joyaux Bondissants) qui a choisi ce nom et pourquoi ? 

Johnny Lion a trouvé le nom, car il disait que nous sautions toujours en jouant et que notre jeu était comme des joyaux ! Ce sont ces mots, je n’invente rien.

 Quand avez-vous fait votre première apparition en public ? 

Je ne me souviens plus très bien, mais en revanche je me souviens bien du grand gala du disque Eurovision en 1963. Là nous sommes passés à la même affiche que Petula Clarke, Lilly Marlène , the Spotnicks, et bien d’autres. C’était en direct, pas de play back, ce fut pour nous un grand événement, c’était géant !

 Vous avez fait des tournées à l’étranger ? 

Oui, la première fut en 1963, nous avons fait une tournée en extrême orient : du Pakistan à Singapour, en passant par la Malaysie et d’autres pays. Une tournée semblable à celle que Cliff Richard et les Shadows avaient faite quelques temps plus tôt.
En mars 1963 nous avions 3 titres au top ten Pakistanais à Karachi !

 Vous avez fait beaucoup de TV ? 

Nous sommes passés à tous les programmes des années 60 !

 Qui étaient les Jumping Jewels ? 

Nous étions quatre : Frits Tamminga à la batterie, qui sera remplacé en 63 par Kees Kranenburg né en 1942. A la basse Joop Onk né en 1942, et à la rythmique Tjibbe Veeloo né en 1944. Nous avons joué ensemble jusqu’en 1967.

 Quels furent vos plus grands succés ? 

Africa, Wheels, Irish washerwoman, Darktown Strutters ball, Mexico, Guitar Tango, que nous avons enregistré avant les Shadows début 62, Java…

 Quelles sont tes influences musicales ? 

Mon chanteur préféré est Buddy Holly, même si je considère que l’authentique roi du Rock and Roll est Little Richard.
Comme groupes je citerai : the Outlaws, nous avons repris Dream of the west, Outlaw, the Unters, quelques titres des String a longs, The Ventures, et bien sûr le groupe à qui nous devons tout The Shadows.

 Votre matériel ? 

Nous avons été le premier groupe Hollandais à jouer sur des Fenders (guitares et amplis).

 Que sont devenus les Jumping Jewels ? 

Frits Tamminga nous a quitté en 63 pour raisons de santé, lorsqu’il allait mieux en 66 il a ouvert un magasin de musique et donnait des leçons de piano.. Son successeur Kees Kranenburg est le batteur d’un des plus réputés orchestres Hollandais : le Métropol Orkest. Notre bassisrte Joop Oonk est une personnalité connue de la télévision Hollandaise. Tjibbe Veeloo lui a complètement quitté le milieu musical en 67, il s’est lancé dans les affaires avec succés, il est riche et vit dans une ile paradisiaque de l’hémisphère sud. Un gars heureux !

Jonny Lion est devenu journaliste et il écrit beaucoup sur le monde musical. De temps en temps il vient chanter avec nous.

Moi j’ai arrêté en 1966 de jouer comme professionnel et je suis devenu un fonctionnaire en charge de l’information dans un ministère, jusqu’en 1990. Depuis j’ai rejoint le ministère de la Défense comme expert audio-visuel.

La musique reste une passion et un passe temps. J’ai un studio d’enregistrement chez moi et de temps en temps je fais des trucs pour la télévision ou écrit pour d’autres musiciens ou chanteurs hollandais.

Les Jumping Jewels n’existent plus, mais de temps à autre nous nous réunissons tous les trois pour jouer dans des concerts années 60.

 En 1981 tu as enregistré Jewelry pour le label DSR ? 

Le directeur de DSR voulait que je fasse un album et voilà je l’ai fait. J’y rends hommage Buddy Holly, je joue Everyday, j’ai composé les autres titres moi-même dans le style 60.

 Lorsque tu composes quelles sont tes sources d’inspiration ? 

J’ai des tubes des années 60 en tête et je part de là, comme dans Around and around que j’ai voulu dans le style Shadows. Un exemple type de ma manière de travailler est le titre skydiver sur mon dernier album. J’ai été inspiré par Walk don’t run des Ventures.

 Quelle est ta guitare préférée ? 

J’ai eu beaucoup de guitares, mais pour rendre le son des années 60, la Fender est la meilleure, surtout pour le soliste. J’en ai quelques unes. J’ai une Fender 58 (réédition), et une autre avec un bras fait sur mesure. Comme amplis j’utilise un Fender Concert, un Bassman, et un Twin ainsi qu’un Bandmaster. La chambre d’écho était à l’époque une Copycat et une bande Fender prototype. Maintenant j’utilise un ampli à tubes Crate, qui a la même sonorité chaude, mais n’est pas aussi grand que les Vox ou Twins. J’ai deux Crate Voodoos 60 watts, ce qui fait un beau son de 120 watts !

 As-tu beaucoup de contacts avec les musiciens des années 60 ? 

Oui je les connais presque tous, nous avons un regret ne pas avoir joué en France.

 Connais-tu des groupes français ? 

Non ils n’étaient pas connus en dehors des spécialistes et des collectionneurs.

 Combien avez-vous vendu de disques ? 

nous avons sorti quelques 25 simples, 7 albums, et quelques CDs. Je ne sais pas combien nous en avons vendu, car notre manager Herman Batelaan, ne voulait pas trop que l’on sache. Il est le seul à s’être enrichi dans l’aventure.

 As-tu un regret ? 

Non pas vraiment si ce n’est peut être de ne pas m’être mis au jazz plus tôt.

 Quels sont tes musiciens préférés aujourd’hui ? 

Je citerai Barney Kessel, Kenny Burrell, Chick Corea, André Previn, Rob Wassermann et beaucoup d’autres.

 Quel conseil donnerais-tu à un jeune musicien débutant ? 

Lance-toi et ne t’arrête jamais. Personnellement je n’ai pas de programme, de plan de travail, je me lance comme ça.

Merci Hans Van Eijk et continue à prendre ta guitare et fais-nous un nouvelle album aussi bon que celui là.