Les Drivers

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Les jazzmen du twist …
 

L’été 61, c’est le grand début de la vague Twist. Cette vague est portée par les groupes comme Les CHAUSSETTES NOIRES, Les CHATS SAUVAGES, Les PIRATES, Les VAUTOURS et Les CHAMPIONS. une deuxième vague va déferler avec Les REBELLES, Les LOUPS GAROUS, Les TRIM’S et Les DRIVERS.

Au cours de l’été 61, le JAZZ JIVE TRIO et son chanteur Jean-Yves GRAND, après une tournée avec DALIDA, se retrouvent dans la villa de Jean-Yves et décident de former un groupe Twist. Ils commencent à répéter, puis s’essaient dans quelques galas sur la Cète, et prennent la direction de Paris.

Là, Jean-Yves retrouve Yvan PASTOR dont l’épouse n’est autre que Maguy MARSHALL qui vient d’obtenir un contrat chez VERSAILLES. Maguy n’est pas une inconnue puisqu’elle a débuté en 60 chez Decca où elle a enregistré L’arlequin de tolede de Jean DREJAC et Hubert GIRAUD chanson finaliste du Coq d’Or de la Chanson Française. Son premier disque s’est fait sous son vrai nom Maguy ZANNI, qui est Corse comme son époux. Puis elle a fait un autre disque chez FONTANA, comme l’a écrit Le Club des Années 60 dans son numéro 5 de septembre 87.

Yvan PASTOR forme alors un orchestre pour son épouse avec : Jean-Pierre MARTIN à la guitare solo, Nanou GIULI à l’accompagnement, Alain JACQUET à la batterie. Yvan cherche un bassiste, Jean-Yves lui présente alors Hermès ALESI, un musicien réputé. Les DRIVERS ont belle allure, Jean-Pierre MARTIN joue avec Les GOLDEN STRINGS de Johnny HALLIDAY depuis 60, il a notamment fait l’OLYMPIA 61. Alain JACQUET vient de terminer ses études de percussionniste au Conservatoire. Pierre GOSSEZ au saxophone et Georges ARVANITAS à l’orgue électrique complètent avec Hermès ALESI à la basse cette excellente formation.

Hermès est né au début des années 30 en Italie à Castignano, près d’Ascoli dans les Marches d’une famille où l’on aime la musique. Son père mécanicien, jouait à ses heures de l’organetto, un petit accordéon. La famille émigre à la fin des années 40 en Algérie. Hermès joue déjà de l’accordéon et connaît le solfège. Dès l’âge de sept ans, il jouait en public et gagnait sa vie.

En Algérie, Hermès a 17 ans, il va poursuivre sa formation musicale en apprenant à jouer de la guitare classique. Il va ainsi bâtir sa réputation d’excellent musicien et de partenaire agréable. Il est engagé par l’orchestre du Casino d’Alger, rue d’ISLY. Il joue de la guitare, du bandonéon et de l’accordéon. Il s’initie à la guitare électrique et à la guitare basse. A Alger, il fait connaissance avec Jean-Claude OLIVER, guitariste et chanteur à l’hôtel ALETTI, lieu de rendez-vous du tout Alger et de la presse qui couvre la guerre d’Algérie jusqu’en 62. L’orchestre du Casino était dirigé par René PARIS.

Lorsqu’il débarque à Paris en 61, il trouvera sans problème du travail notamment au Rendez-Vous des Musiciens, et rejoint un groupe de Jazz, le JAZZ JIVE TRIO, avec Thomas GRAU, au piano et son ami d’Alger Roland ACENSI, à la batterie. Ce trio accompagne le chanteur Jean-Yves GRAND.

Le trio va faire beaucoup de galas et remportera un beau succès, notamment à l’Alcazar de Marseille. Le style du groupe c’est celui de Gilbert BECAUD. Jean-Yves GRAND est aussi un compositeur à succès, il écrit pour Colette DEREAL et DALIDA. C’est ainsi qu’ils partent en tournée avec DALIDA en juin juillet 61. Puis Lucien MORISSE, le directeur d’EUROPE 1 et mari de DALIDA prend ombrage des bonnes relations entre certains membres du trio et DALIDA, il n’y aura pas de nouvelle tournée avec DALIDA !

C’est ainsi que notre trio va se séparer et que vont naître Les DRIVERS. Ils vont faire un premier disque avec Maguy MARSHAL (VERSAILLES 90 M 346) avec en titre vedette Mademoiselle Twist / Le chemin de la joie / Hem hem / Spiritual twist. C’est ainsi que Maguy devient Mademoiselle Twist. Dans la foulée, ils enregistrent leur premier disque instrumental (VERSAILLES 90 M 346) avec une très bonne version de Mademoiselle Twist / Golden twist / Spiritual twist / C’est toi qui m’a appris l’amour. Le style est entre le Bill BLACK’S Combo et JOHNNY and The HURRICANES. Le choix des morceaux est judicieux et les qualités musicales de nos DRIVERS sont bien mises en valeur. Le disque se vendra bien et leur directeur artistique Claude DEFFE leur en fait enregistrer un second (VERSAILLES 90 M 354) avec Good gully / Manneken twist / Hey baby / Red River rock.

Ce deuxième disque instrumental comme le premier est dans un style Twist Jazz avec beaucoup de saxo et d’orgue et un très bon jeu de basse de notre ami Hermès, Manneken twist est très bon ainsi que Red River rock.

Le quatrième disque sera avec Maguy MARSHALL qui nous fait Le coup du charme / Rien ne va plus / Comme l’eau qui coule / Sois sage Dany (VERSAILLES 90 M 359). La version de Maguy du hit de PRESLEY est pleine de fraîcheur et d’entrain.

Pour finir l’année 62, Les DRIVERS sortent leur cinquième disque qui est leur troisième instrumental selon la recette éprouvée de la reprise en instrumental de titres qu’ils viennent de faire avec Maguy : Rien ne va plus / Le coup de charme / Pop eye stroll / Dis-moi qui m’a volé (VERSAILLES 90 M359). Rien ne va plus est très dansant avec de bons passages à l’orgue et de bons solos de guitare. Le coup du charme est le morceau où la guitare est le plus présente avec de bons sons assez miaulants, le travail à la basse donne du punch à un des tous meilleurs morceaux des DRIVERS. Pop eye stroll est dans le style BOOKER T. Là encore on retrouve le goût pour le Jazz des DRIVERS.

La carrière discographique de nos Jazzmen Twisteurs s’arrêtera là. En un an et demi, 5 disques et de nombreuses tournées, dont une en première partie de Tino ROSSI, et quelques télés comme Paris-Club, leur expérience s’est enrichie, leur répertoire s’est enrichi d’un style Jazz Twist, leur qualités sont avérées. La fin des DRIVERS marque pour la plupart d’entre eux le début d’une longue carrière musicale. Alain JACQUET, le batteur qui avait fait des études de percussionniste rejoindra un grand orchestre et se tournera plus tard vers le classique. Jean-Pierre MARTIN poursuivra sa carrière de guitariste dans les studios. Yvan PASTOR, le mari de Maguy MARSHALL, deviendra directeur artistique de DECCA Musique Classique. Maguy MARSHALL poursuivra un temps en solo avec 2 disques, l’un chez Paroles et Musiques avec Comme le vent / Le premier matin du monde / L’enfant à la guitare / Avant toi. Le deuxième en 67, chez VOGUE avec Baby Ness / Eternel été / Va t’en guerre / Le soleil brillera bientôt. Sa carrière s’arrêtera là. Maguy ZANNI de son vrai nom, Corse comme son époux, a débuté en 60 chez Decca où elle a enregistré L’Arlequin de Tolède / Que ton coeur me pardonne / Comme au premier jour / Les voiliers.

Hermès ALESI participe à la création des FINGERS aux côtés de son ami Jean-Claude OLIVER. Ils répètent dans un cinéma de la rue de la Croix Nivert dans le XV ème arrondissement. Hermès fera les deux premiers enregistrements Le grand M / Le chemin de la joie / Pas cette chanson / Les hommes joyeux (Festival FY 2287) et Finger print / L’idole des jeunes / Desafinado / Monsieur (Festival FY 2311).

Puis, il quitte Les FINGERS pour un orchestre brésilien Sivuca, où il joue avec SILVANO SILVEIRA, c’est la grande époque de la BOSSA NOVA. YVON RIOLLANT l’a remplacé au sein des FINGERS. En 64, il rejoint l’orchestre de Françoise HARDY, qu’il accompagnera sur scène et en disques jusqu’en 68.

Jean BACHELERIE

Interview du bassiste Hermès ALesI

 Quels sont les musiciens qui vous ont le plus influencé ? 

Le Jazz et des gens comme Les JAZZ MESSENGERS, Clifford BROWN (un trompettiste), Horace SILVER (un pianiste), Tal FARLOW et Kenny BURELL (guitariste) et aussi Les SHADOWS.

 Que pensez vous des groupes français de l’époque ? 

Ils ne faisaient pas preuve de beaucoup d’originalité, ils ne faisaient aucune recherche et c’est bien dommage. J’ai eu de bons rapports avec quelques groupes comme les CHATS SAUVAGES, auxquels j’ai d’ailleurs acheté ma basse FENDER.

 Vos meilleurs souvenirs de tournée ? 

Les tournées avec Françoise HARDY, avec qui j’ai parcouru le monde entier, le Japon et le Brésil, c’était vraiment très bien. Françoise était quelqu’un avec qui j’aimais travailler, elle était sympa, même un peu timide.

 Par la suite, qu’avez vous fait ? 

Je suis redevenu un musicien de studio en particulier chez VOGUE, où j’ai enregistré rue d’Hauteville avec Hervé ROY, (ex PLAYERS), DUTRONC, KALAFAT, j’ai beaucoup enregistré pour ANTOINE.

 Vous avez aussi connu un groupe concurrent: Les FOUR DREAMERS ? 

Oui, ils répétaient chez PATHE MARCONI et j’ai parfois participé à leur répétitions au tout début. Là, j’ai bien connu Léo BERDUGO.

 Le GOLF-DROUOT ? 

Nous y sommes passés avec Maguy MARSHALL début 62. C’était un bon moment.

 Quelle est la période qui vous a le plus apporté ? 

63-64, quand j’ai joué dans l’Orchestre de Paul PIOT. C’était un rêve qui se réalisait, jouer avec 40 musiciens. J’ai aussi enregistré avec SHEILA, au studio CHARCOT, des titres comme BANG BANG, L’ECOLE EST FINIE, le chef d’orchestre était Jean CLAUDRIC.

 Vous avez aussi accompagné d’autres chanteurs en studio ? 

Oui, CHRISTOPHE, JEAN PIERRE et NATHALIE, LINE et WILLY, Georges CHELON. Je fais aussi encore des tournées avec Juliette GRECO notamment au Japon.

 Est ce que vous avez retrouvé des copains dans toutes ces pérégrinations ? 

Oui, avec Françoise HARDY, j’ai retrouvé Serge BIONDI le batteur des FINGERS, la guitare solo était tenue par Francis DARISCUREN, qui par la suite a rejoint RICHARD ANTHONY.

 Revenons sur votre arrivée à Paris, comment cela s’est il passé ? 

Comme tous les musiciens, je me suis rendu au RENDEZ VOUS des musiciens à PIGALLE face au THÉATRE DE LA RENAISSANCE, sur la place du même nom. J’y ai connu ANDRE BENICHOU. Mon premier gala fut avec PETER DEAN, qui était chef d’orchestre. Il m’a demandé de venir avec tous mes instruments, ce fut tout une aventure dans le métro ! PETER est le frère de GEORGIE DANN, un pied noir qui plus tard a fait 4 disques chez PATHE, où PETER a aussi enregistré quelques disques à l’époque du TWIST. GEORGIE est ensuite parti pour l’Espagne, où il est devenu une grande vedette. Mais avec PETER, il jouait du saxo et leur autre frère jouait de la batterie.

 Depuis plusieurs années vous jouez dans l’orchestre de Jacques MARTIN sur FRANCE 2 ? 

Oui, pratiquement depuis le début. J’y ai retrouvé le saxo des DRIVER, Pierre GOSSEZ, ainsi que Charles VERSTRAETE (ex TRUMPET BOY) qui est à l’accordéon, ou au trombone et Maurice THOMAS que j’ai connu dans l’orchestre de Raymond LEFEVRE. L’orchestre est dirigé par Bob QUIBEL.

 Après une carrière aussi bien remplie, avez-vous un voeu à formuler ? 

Oui, faire un bœuf avec les copains des 60’s.

Merci Hermès ALESI.

Discographie (60)

  1. Les Drivers jouent (Twist ????????)
    Golden Twist / C’est toi qui m’a appris l’amour / Mademoiselle Twist / Spiritual Twist.

Discographie (CD)

  1. Instrumental sixties Vol 4 (Magic Records 176272)
    Golden twist / Mademoiselle twist / Spiritual twist / C’est toi qui m’a appris / Good gully / Manneken Twist / Hey baby / Red River rock / Dis moi qui m’a volé / Pop eye stroll / Le coup du charme.
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