Quand as-tu commencé à faire de la musique ?
JOEY : A douze ans, j’ai acheté une guitare pas très chère, sur laquelle j’ai fait mes premiers accords. Puis, au collège un peu plus tard avec les potes nous avons fondé THE JET-TONES.
A 18 ans, j’ai décidé de jouer comme professionnel et je suis allé voir un imprésario. Il m’a obtenu un contrat pour un Night Club en Floride. Nous nous appelions THE FIRELIGHTERS. A 19 ans nous avons obtenu un contrat pour aller jouer en Argentine et au Brésil. Nous avons fait un disque au Brésil pour DIETO RECORDS et un show télévisé avec des titres comme TWIST AND SHOUT, TEQUILA, JOHNNY BE GOOD, SHOUT ainsi que quelques titres que j’avais composés.
Le pire est que je n’ai même pas un exemplaire de ce disque ni de la vidéo. D’ailleurs nous n’avons jamais touché le moindre droit, bien que le disque est été un grand succès au Brésil. C’était en 62 et nous étions arrivé à Buenos Aires en 62 juste après le coup d’état contre le président Frondisi, en mars.
Comment as tu rencontré JOHNNY HALLYDAY ?
JOEY : A mon retour à New York, nous avons tourné dans les clubs comme THE PEPPERMINT LOUNGE, la boite à la mode rendue célèbre par JOEY DEE et THE TRUDI HILLER CLUB. A cette époque 62, le Rock and Roll était populaire grâce aux excellents musiciens noirs. Au TRUDI HILLER, tous les grands chanteurs et chanteuses passaient, c’était la boite à la mode. Un soir, j’y ai accompagné JUDY GARLAND. A l’automne 63, nous passions après des groupes de RYTHM AND BLUES, il y avait beaucoup de noirs dans la salle et devant cinq européens, ils s’apprêtaient à partir quand nous avons attaqué notre tour de chant. Ils sont restés pendant tout notre spectacle et ont attendu notre deuxième passage. Puis JOHNNY est venu me voir après le spectacle pour me demander si je voulais venir en France pour l’accompagner. BOBBIE CLARKE qui traduisait la conversation, m’a glissé à l’oreille : « T’inquiète pas c’est le chanteur le plus populaire en France ». Mon orchestre allait être amputé de deux de ses membres, le pianiste et le batteur qui partaient à l’armée au Vietnam.
Alors RALPH DI PIETRO, le bassiste et moi avons accepté et en novembre 63, nous débarquions à Paris. JOHNNY m’a payé une FENDER STRATOCASTER, qui a remplacé ma JAGUAR.
Quels étaient tes musiciens favoris ?
JOEY : JERRY LEE LEWIS, CHUCK BERRY, BO DIDDLEY, côté chanteurs, BO DIDDLEY, CHUCK BERRY, SCOTTY MOORE, LINK WRAY, et plus près de nous ERIC CLAPTON et DANNY GATTON. J’allais oublier pour les chanteurs GENE VINCENT, et JOHNNY RIVERS.
Comment ont été enregistré les 8 titres instrumentaux de JOEY & THE SHOWMEN?
JOEY : en 4 jours, cela a été un peu dur car je suis un perfectionniste et nous avons failli en venir aux mains avec MARC HEMMLER, le pianiste, à force de refaire un passage de WOW WOW, ils avaient les doigts en sang. J’aime beaucoup ce titre, que j’ai composé avec SURF TRAIN, AU REVOIR JOHNNY et CAUCHEMAR.
Qui étaient LES SHOWMEN ?
JOEY : Au piano, MARC HEMMLER, JEAN TOSAN au saxo, CLAUDE DJAOUI à la rythmique, venu des GOLDEN STARS nos prédécesseurs derrière JOHNNY HALLYDAY, BOBBIE CLARKE à la batterie et mon compatriote RALPH DI PIETRO à la basse.
Quels est ton meilleur souvenir de ces années JOHNNY ?
L’OLYMPIA 64, c’était fantastique, c’est mon meilleur souvenir de scène de toute ma carrière. J’avais fais le arrangements musicaux notamment j’ai écris l’intro. Le titre que je préfère de ce spectacle est LUCILLE.
Parle nous un peu de tes SHOWMEN ?
MARC HEMMLER était avant tout un musicien de jazz et il faisait du Rock, mais préférait le jazz. Il est d’ailleurs resté un Jazzman coté et joue régulièrement dans les boites de Jazz de paris.
RALPH DI PIETRO aimait le Rock mais cela fait longtemps qu’il a arrêté, il a troqué son costume de scène et sa FENDER BASS pour le costume strict de l’homme d’affaires américain et la calculatrice de l’homme qui surveille ses investissements. Il est à la tête de plusieurs magasins, restaurants de terrain et d’une écurie de chevaux de courses. Il adore les courses de chevaux et il fait ses premiers bons coups en gagnant aux courses.
JEAN TOSAN est un type formidable, très économe et prudent. C’est un grand musicien qui joue maintenant dans l’ORCHESTRE DE PARIS. C’est toujours pour moi un plaisir de retrouver JEAN et son épouse.
BOBBIE CLARKE est un génie de la batterie, il a la batterie dans le sang, il a le rythme dans la peau. C’est un joueur d’instinct. Son jeu est naturel. Sa formation de Jazzman lui a donné la technique de base, qui l’a placé d’entrée au dessus du lot avec les dons naturels dont il dispose.
Avec JOHNNY combien de titres as tu enregistré ?
L’album, LES ROCK LES PLUS TERRIBLES, plusieurs 45t, l’Album l’OLYMPIA 64 en public. Je sais qu’il y a quelques inédits comme MISS MOLLY. Nous avons retrouvé, inédits compris, 33 titres en studio et les 18 titres en public à l’OLYMPIA.
Pourquoi as tu quitté JOHNNY ?
En fait JOHNNY est parti à l’armée. A l’époque le service militaire durait près de 2 ans. Alors, je me suis dit je rentre chez moi et je forme un orchestre. JOHNNY m’avait dit en partant, j’aurai besoin de toi à mon retour. Je te rappellerais. En effet j’étais le chef d’orchestre de JOHNNY, l’arrangeur, qui donnait la touche Rock and Roll des pionniers, ce côté sauvage et sincère. C’était moi qui l’aidait à mettre sur pied ses shows et qui avait la direction musicale.
Le temps a passé et JOHNNY n’a pas appelé, à l’époque j’étais jeune et je n’avais pas conscience que nous avions été le meilleur orchestre de Rock en France des années 60, avec LES PLAYBOYS de VINCE TAYLOR.
Un jour, je me suis décidé à appeler LEE HALLYDAY pour lui demander si la proposition de JOHNNY tenait toujours. Il m’a répondu que je pouvais venir mais que le rôle de soliste était dévolu à MICKY JONES. J’ai refusé de venir dans ces conditions. MICKY est resté 7 ans avec JOHNNY.
Qu’est ce que tu as fait alors ?
J’ai continué à jouer à New York avec THE IN CROWD, puis j’ai joué dans HAIR la comédie musicale des 70’s. Puis, j’ai joué avec TOMMY JAMES huit ans. En 82 je l’ai quitté. En 85 je suis venu à Paris voir les copains et JEAN TOSAN m’a fait rencontrer JACKY CHALART qui m’a fait enregistrer 2 titres composés à mes débuts COME ON BABY et RIDE SALY RIDE. BETTE MIDLER que j’ai accompagnée voulait absolument que je joue exclusivement avec elle. J’aurai du accepter et j’aurai connu la gloire avec THE ROSE. J’ai accompagné aussi JUDY GARLAND, TONY ORLANDO.
J’ai été très heureux de revoir JOHNNY avec BOBBIE CLARKE lors de SACREE SOIREE, sur TF1 le 15 avril 92.
Tes projets ?
J’ai un nouvel orchestre MUSIC CONNECTION. J’aimerai faire un album de guitare, mon idée a été reprise par mon ami DANY GATTON dans ELMIRA STREET qui est un peu l’histoire de la guitare instrumentale du Jazz au Rock, pour terminer plus jazzy.
Tu as fait une belle tournée avec BOBBIE CLARKE au printemps 92 ?
C’était un retour aux sources et en France. Le public a aimé et nous étions bien soutenu par PIPO à la rythmique, ROMAIN DECORET à la basse et SIMON ELLIOT au piano. Le public a particulièrement apprécié MENPHIS TENESSE, que j’avais aussi avec VINCE TAYLOR sur son EP come back en 64. J’ai fait MENPHIS et A SHOT OF RYTHM’N BLUES, SURF TRAIN, THE WANDERER, RIDE TO SALLY, CAROL et HEARTBREAK HOTEL et bien sûr JOHNNY BE GOOD.
Quels musiciens as tu connu en France et apprécié ?
LONG CHRIS, un type sympa, LES LIONCEAUX, FRANCOISE HARDY et CATHERINE DENEUVE.
Quel groupe actuel apprécies tu ?
THE STRAYCATS.
Te souviens tu de ton premier enregistrement en studio ?
Oui, ce devait être en 60 ou 61 chez CBS à New York, j’ai fait des Jingles pour PEPSI COLA. J’ai aussi enregistré HULLY GULLY, REVENGE, et MY ANGEL. A l’époque, je jouais à GREENWHICH VILLAGE au BOHEMIAN CAFE.
Ton plus grand regret ?
De ne pas avoir compris à 22 ans que j’avais été autant apprécié par JOHNNY et le public. J’aurais du rester en France.
Ton ambition ?
Continuer à jouer la musique que j’aime, le Rock and Roll, et faire un nouvel album pour le public français.
Merci JOEY et merci à PHIL GUIDAL pour avoir organisé cette interview ainsi que la tournée de mars 92 avec Jean Philippe SMAINE.
JOEY est sans doute le guitariste qui symbolise le mieux le Rock des 60’s avec ce style violent et sensuel qui caractérisait aussi l’autre grand des 60’s VINCE TAYLOR. JOEY est comme BOBBIE et VINCE, un musicien dans l’âme, dans le sang, un instinctif génial. L’autre soir en regardant des extraits du spectacle monté pour LES CINQUANTES ANS de JOHNNY HALLYDAY, je n’ai pu m’empêcher de trouver les chorus de guitare, les solos de batterie bien fades, lorsqu’ils n’étaient carrément pas absents. Excusez moi PAUL PERSONNE, votre talent n’est pas en cause mais JOEY et BOBBIE sont irremplaçables en particulier sur scène où leur jeu et leur sens du spectacle n’ont jamais été égalés.
Jean BACHELERIE
Discographie (60)
- (Pas de titre) (Philips EP 434 823)
Memphis / Surf train / I can’t sit down / Rinky Dink. - (Pas de titre) (Philips 434 904)
Au revoir Johnny / Cauchemar / Wow wow / Wild week-end.
Discographie (CD)
- Les orchestres de Johnny Hallyday (Universal Twistin the Rock 586 021)
- Olympia 64 (Pas de référence)
Memphis / Surf Train / Rinky Dink / I Can’t Sit Down / Au revoir Johnny / Wow Wow Wow Wow / Wild Week-End / Cauchemar / Memphis.