Michel Saugy, leur soliste a bien voulu nous retracer leur histoire. Chaque quartier ou presque de Lausanne avait son groupe de rock, généralement inspiré des Chaussettes Noires et autres Chats Sauvages. D’autres se voyaient plutôt en Shadows, ce fut le cas des Sorciers.
En 1962 Michel Saugy et son frère Bernard à la batterie recrutent deux copains d’école : André Gilliand qui se mettra à la basse et Marc Diserens, le fils du pasteur, qui ayant déjà joué avec les loups Blancs et connaissant deux accords de plus que les autres est promu guitare rythmique ! Leurs modèles étaient les Shadows et aussi les Spotnicks qui impressionnaient beaucoup nos jeunes Lausannois avec leur son venu d’ailleurs et leur époustouflant orange blossom special. Michel Saugy se souvient avoir travaillé jour et nuit pour arriver à jouer à une telle vitesse !
Lausanne était encore plutôt une petite ville et tout se savait. Les répétitions fébriles des quatre jeunes ne passaient pas inaperçus. Les organisateurs des divers concours de rock étaitent à l’affût de valeurs nouvelles. La deuxième Coupe de Rock suisse approchait. Plusieurs organisateurs ou chercheurs de talents finissent par convaincre nos quatre gamins de tenter leur chance.
La règle du jeu était simple, chaque groupe avait droit a quatre morceau. La persévérance de Michel a fini par payer et grâce à orange blossom special ils se qualifient pour les demi finales. Propulsés en finale ils gagnent d’un souffle devant les rivaux de Genève Les Four Shakers ! Le premier prix était un enregistrement chez Barclay, le grand label Parisien sous la houlette de leur compatriote l’ingénueux Ken Lean. On murmure encore que Ken Lean accroché par la virtuosité de Michel et ses copains dans Orange Blossom special avait fait pression sur le jury pour désigner les vainqueurs. Ils arboraient deux fender ( basse et solo) une Hofner , la rythmique et une batterie impériale, les amplis étaitent le fruit d’un savant bricolage leur donnant ce son si particulier.
A l’automne voici nos sorciers aux studios Hoche à paris, ils enregistrent Cyclone composé par J.Roulet alias Tony frank et M. Saugy, Baya de Lee hazlewood, youpi yé (version rock de la chanson populaire il descend de la montagne…et caravelle composition de M.Saugy. Le disque marche bien en particulier en Suisse, où les Sorciers font une tournée de promotion.
La sortie du premier disque et les galas conduisent Bernard saugy a privilégié ses études, il fut alors remplacé par Micheal Schmalz transfuge des Aiglons et d’un ‘un groupe romand réputé Lucifer & the blackmen. De même Marc Diserens ne pourra suivre la cadence de la vie d’artiste et sera remplacé par Jacques Hefti à la rythmique.
Pour le deuxième disque Ken Lean ayant quitté Barclay, ils sont pris en mains par jean Fernadez. Pour le disque Bernard reprend les baguettes et un nouveau rythmique Francis Richoz les rejoint. Michel reste le compositeur attitré avec trois titres sur quatre : « 7,65 », Indicatif et Monika, le quatrième est l’indicatif d’un feuilleton de la télévision française composé par le pianiste de jazz Jacques Loussier. Le titre 7,65 n’a rien à voir avec le revolver du même calibre, mais correspondait au prix en francs suisses du disque !
Le groupe marche bien et accompagne sur scène la jeune Rockeuse Evy ainsi que le petit Prince, un gamin de douze ans qui a connu son heure de gloire à l’époque ! ils font une tournée dans le sud ouest de la France, sont régulièrement programmé par la radio de la région radio Andorre.
Mais comme pour beaucoup l’année 1964 en même temps qu’un tournant musical avec l’arrivée des groupes vocaux Britanniques va marquer la fin d’une époque. Le groupe se dissous avant l’été 1964.
Michel Saugy rejoint un temps leurs concurrents les aiglons avec qui il fera le quatriéme disque ; puis appelé par l’armée Suisse, il arrête. A prés l’armée Michel partira pour le Canada où il tournera comme auteur compositeur interprète sous le nom de Michel Chartrand. Puis il regagne la Suisse où il fait des pubs musicales et continue à jouer avec les copains le week end.
Christian SCHLATTER