Interview d'Heikki Rantapihla
Comment t’est-venue ta passion pour la musique ?
H.R. : Je me suis toujours intéressé à la musique aussi loin que je me rappelle. J’ai demandé une guitare à mes parents lorsque j’avais 10 ans. En fait ils m’ont donné la mandoline du grand père dont ils avaient hérité. Vous pouvez m’entendre jouer de cette mandoline sur notre dernier CD livin in Europe dans le morceau » Bella « . Seppo Ihalainen notre bassiste a commencé par le violon à l’âge de 12 ans.Ilkka Nyman, notre rythmique, a débuté avec la guitare à l’âge de 14 ans et notre batteur Heikki Hänninen à 15 ans.
Que faisaient tes parents ?
H.R. : Mon père était ingénieur aux services municipaux, ma mère s’occupait de la maison.
Ta première apparition en public ?
H.R. : Ma première apparition sur scène fut dans une église d’Helsinki avec Cantores Minores, un choeur de garçon, j’avais 11 ans. Je suis aussi passé à la Télévision avec le choeur du lycée d’Helsinki en 1960.
Ma première apparition comme instrumentiste fut au Lycée d’Helsinki en 1962, je jouais de la batterie dans l’orchestre du Lycée. La même année un peu plus tard, les Blazers ont fait leur apparition en jouant Alpens Ros, Driftin et Bonanza. Nous avons joué gratuitement. Notre première apparition payante était une soirée pour la mère d’Ilkka Nyman, notre rythmique.
Vos familles vous ont elles encouragé ?
H.R. : Oui elles nous ont poussés, notamment ma mère lorsque je préférais aller jouer au foot avec les copains plutôt que d’aller répéter avec Cantores Minores. Ma « prof » de musique au lycée m’avait bien pris en main. Elle m’avait convaincu de rejoindre le choeur ainsi que l’orchestre classique du lycée. Elle a même essayé de me faire donner des leçons de contrebasse, mais je n’ai pas réussi l’examen. Alors je suis devenu le batteur. C’était pas marrant, il y avait deux répétitions par semaine, pendant que mes copains faisaient du patin à glace, je les voyais par la fenêtre !
Alors je me suis retourné vers mon père, je lui jouais une chanson gitane, pour lui montrer mon savoir faire et le convaincre de mon intérêt pour la guitare.
Le jour suivant il m’offrait un guitare classique, nous étions en 1960, j’avais 14 ans. En fait aucun de nous n’avait appris à jouer de l’instrument qu’il jouait avec les Blazers. Qn a appris tout seul, nous avions reçu une éducation musicale classique : violon, percussion classique, choeur…
Vos premiers instruments ?
H.R. : Nos premiers instruments étaient bricolés pour en faire des guitares électriques, car à l’époque en Finlande, on ne trouvait pas de guitares électriques. On a copié une guitare d’un EP des Ventures en la décalquant et en l’agrandissant. Puis nous avons découpé dans du bopis et fait les manches en les terminant au papier de verre. On a monté des micros avec beaucoup de fils, puis avec des calculs on a déterminé la place des notes sur le manche, placé les barettes. On a aussi construit un système de vibrato. On a monté des boutons pour le micro et un coup de peinture et le tour fut joué. Enfin il fallait avoir envie de jouer du Rock and Roll !
Nous n’avions pas de cordes pour la basse, alors j’ai emprunté celle de la cithare de ma sœur. Une batterie à cette époque était très chère, on a fabriqué des toms-toms avec du bouleau et nous en avons acheté un d’occasion pour compléter le tout. Nous avions une caisse claire ludwig, le top du top.
Les Blazers étaient notre premier groupe de r n r, nos vrais débuts pour chacun de nous. Häninen avait déjà joué dans un groupe de jazz. J’avais joué de la batterie dans l’orchestre classique du lycée et dans des orchestres de danse.
Nous sommes devenus un vrai groupe de Rock lorsque nous avons eu nos guitares électriques, des vraies et une vraie batterie. C’était au printemps 62. Nous avons joué dans les écoles.
Le nom du groupe ?
H.R. : Nous l’avons trouvé, lorsqu’en regardant le ciel d’Helsinki, nous avons vu des pilotes de la marine américaine faisant une démonstration. La patrouille qui faisait son spectacle, s’appelait the Skyblazers. Nous avons considéré que c’était un nom qui nous allait très bien, nous allions montrer le chemin aux autres comme cette patrouille. On allait cracher un feu d’enfer. N’est ce pas cela le Rock and Roll !
Comment avez vous décroché un contrat d’enregistrement ?
H.R. : Il y avait des organisateurs de spectacles et des directeurs de maison de disques qui venaient écouter les groupes de jeunes, même aux répétitions.
Au début on ne jouait que dans les lycées et des petits clubs. Je ne me souviens plus très bien comment Parlophone nous engagé. The Sounds avaient déjà eu leur premier tube Emma. Aussi nous avons suivi la même voie transformer une valse finlandaise en Rock. Nous étions libres de choisir les morceaux que nous voulions enregistrer.
La première séance d’enregistrement ?
H.R. : Enregistrer à l’époque était assez différent de ce qui se fait aujourd’hui. On nous a donné deux heures. Nous avions un ampli Meazzi, seul équipement acheté. L’ambiance était bonne, mais à la fin de la séance on était épuisé. Le studio Parlophone était en plein centre d’Helsinki, où passent les bruyants tramways.
Le studio ne disposait pas de chambre d’écho. Alors l’ingénieur du son a bricolé un système avec un haut parleur et un microphone dans le couloir de l’immeuble. Lorsqu’un tramway passait on arrêtait et il fallait recommencer, c’était frustrant.
Vous êtes restés ensemble depuis plus de 65 ans, quel est le secret ?
H.R. : Parce que nous étions des amis de longue date. J’ai rencontré Ilkka, le rythmique dans l’archipel du golfe de Finlande en faisant de la voile, j’avais 5 ans. Nous sommes allé ensemble à l’école en 1953. Nous avons rencontré Seppo au Lycée en 1957.
Vous êtes passés à la télévision ?
H.R. : Nous sommes passés pour promouvoir notre disque dans des programmes pour jeunes comme Youngster’s dancing moment et autres. On a du passer 4 fois.
Seppo Ihalainen est passé plus souvent car il aremplacé le bassiste des Strangers Bergström pendant quelques semaines., car Bergström s’était cassé une jambe en faisant du ski.
Avez vous fait des tournées ?
H.R. : Oui nous avons fait une tournée dans le sud du pays en 62, mais on a pas pu la faire complètement car nous allions encore au lycée. C’était difficile de rentrer à 7 heures du matin et que vous avez un cours de math à 9 heures du matin. Alors on a manqué quelques vours, on a du redoubler, bref c’est un mauvais souvenir.
Ta guitare préférée ?
H.R. : J’étais très fier de ma guitare Burns noir bison. Ilkka avait aussi une Burns. Seppo avait sa basse qu’il avait construite. Häninen sa batterie Ludwig, avec des cymbales Zildjian. Nos amplis étaient des Meazzi 2 X 18 Watts. On a enregistré Metsäkikkia avec ce matéiel. Old scars fut enregistré avec nos instruments bricolés par nous mêmes.
Combien avez vous vendu de disques ?
H.R. : Difficile à dire. Nous étions des gamins. On ne s’intéressait pas à l’argent. On a moins vendu que les Sounds avec leur tube Emma.
» Metsäkukkia » fut comme un éclair dans ma tête. C’était une version pré « heavy metal » de notre valse favorite très populaire dans les dancing à la campagne. J’aime toujours le réécouter , ma burns est à son mieux. Laaksun ruusu est un morceau simple lyrique et la partie improvisée tombe bien. On avait un rock sur la face A et une ballade sur la B.
Quel était votre répertoire sur scène ?
H.R. : Nous jouions des morceaux des Shadows, des Violents, des Ventures, plus tard Cliff Richard, Elvis, et notre propre répertoire, puis plus tard du Rhythm & blues comme les Rolling Stones.
Vous avez toujours joué depuis 35 ans ?
H.R. : Nous n’avons jamais arrêté, bien sûr il y a eu des moments où on a un peu ralenti. Lorsque l’on faisait le service militaire par exemple. Notre grande période a duré jusqu’à la fin des années 60. Le plus dur a été au début des années 70, je travaillais en Suède et au Danemark. Même à cette époque nous sommes restés en contact. Nous répétions de temps en temps, juste pour garder le contact. Au début des années 90 on s’est mis à répéter plus régulièrement. On a fait notre come back à l’Helsinki Strand Hôtel lors du réveillon de Noël 1990. Depuis on a joué régulièrement en public.
Aujourd’hui nous jouons avec des Fender blanches et une batterie Ludwig. J’ai un ampi Vox AC-30, l’ampli de la basse est un Fender. La rythmique utilise un ampli Ibanez. Jussi Raittinen utilise une Ovation et un ampli Dynacord.
Aucun de nous n’a chosi de devenir musicien professionnel. J’ai failli rejoindre le groupe de Jussi the boys, comme soliste. Mais un de nos accompagnateurs a cassé le manche de ma Burns, c’était une guitare pour gaucher. Il fallait 4 mois pour le remplacer. Alors les Boys ont choisi un autre guitariste. Les Boys jouent encore avec succès de nos jours.
Quelle est ta profession ?
H.R. : Je suis un ingénieur en électronique indépendant, Ilkka est le directeur informatique de Hertz en Finlande, Seppo est un géomètre expert et a une agence immobilière. Heikki Häninen travaille pour Fazer comme audit.
Pourquoi avez vous choisi de chanter Be bop a lula en Français ?
H.R. : C’est une longue histoire. Jussi a chanté Be bop a lula en 62, lors d’une audition. Ce morceau a été publié en 1983. Jussi a entendu la version française, aussi quand nous avons préparé notre cd vivre en Europe, Finlande venait de rejoindre l’Union Européenne, on a trouvé qu’il fallait fêter cela et on a choisi un morceau des principaux pays. On avait déjà joué sur scène Be bop a lula en Français et le public aimait bien. L’arrangement est un peu la kinks, car je joue les solos en mineur. C’est un classique du Rock dans le style 3 sons en majeur.
C’était un titre qui marchait bien sur scène, il sonnait comme il faut.
Professionnellement j’avais des contacts avec la France. J’importais des périphériques pour ordinateurs produits à Créteil, à l’usine Benson SA où j’allais souvent dans les années 70 et 80.
Puis j’aimais bien imaginer Jussi twistant Be bop a lula avec une baguette dans la poche, portant un béret basque noir et une chemine à rayure rouge avec un foulard autour du cou !
Le rock français n’est pas très connu en Finlande. Avant je travaillais pour Digital, cette société avait un centre de formation à Ferney Voltaire prés du siège Européen à Genève. J’y suis allé souvent dans les années 80 et j’ai pu écouter les chanteurs locaux. Bien nsûr tout Finlandais connaît Johnny Hallyday et Vince Taylor, mais était il français.
Quelle est ta musique préférée ?
H.R. : J’aime toutes les musiques. La musique est un superbe don pour l’humanité. Le choix est grand entre le corbeau qui chante dans les arbres, les cymbales japonaises, Mozart, le piano de Chopin, les tams tams Africains dans les champs de coton américains. En fait j’aime autant Elvis que Pavarotti, Cheryl Crow, le trio Rosenberg, Mireille Mathieu, ce sont tous de formidables musiciens sur scène, dans des genres différents. En fait il y a deux types de musique le Rock et le Roll !
Ta guitare préférée ?
H.R. : Ma guitare classique Malmström, faite sur mesure, que j’ai eu en cadeau en 1967 pour mon bac. Pour le Rock je préfère ma guitare américaine Fender blanche stratocaster 89. Pour nos spectacles j’ai toujours une Gibson en réserve .
Je joue aussi dans un groupe folklorique the Marbella Tigers. Là j’utilise ma guitare espagnole aux cordes en nylon Admira Juanita, car je ne sors jamais ma Malmström. Quelques fois je rêve d’une burns noire, mais je n’en ai pas vraiment besoin, c’est de la nostalgie. Jussi Raittinen utilise une ovation et parfois une Ibanez Les paul. Sur le CD il joue une Gibson guitare sèche, qui lui a été offerte pour son cinquantième anniversaire. On la voit sur la couverture.
Jouez vous souvent ?
H.R. : On fait un spectacle par mois, maintenant plus régulièrement car nous faisons la promotion de notre CD. A l’automne on passe à la Télévision. L’an passé on était au programme de TV2 Back to the 60’s.
Votre prochain album ?
H.R. : On a toujours des idées. On va attendre 6 mois. Si living in Europe ne marche pas trop mal alors on continuera. Les portes du studio nous sont grandes ouvertes.
Ton meilleur souvenir des années 60 ?
H.R. : Tout ! A l’époque on était plein de confiance en l’avenir, on était jeune et enthousiaste. On croyait que le bien l’emporte sur le mal… C’est vrai que le temps embellit les souvenirs. Après notre passage à Back to the sixties, une des vedettes de l’époque Hector m’a dit c’était pas fantastique ce retour dans les années 60 ? Oui mais le problème c’est le retour dans les années 90. Je le pense vraiment.
Merci Heikki et continuez votre R n R.