1959 : Jos Clauwer, 16 ans, François de Boeck and Tim Wisterin forment un trio à la Everly Brothers. Jos est familier avec le monde de la musique, ses parents tiennent un dancing au bord de la plage d’Avers sur la rive gauche de l’Escault.
Ce groupe est le premier groupe de rock belge. Ils s’appelaient alors Lee (Leon Poorters) and the Westonians puis ils recrutèrent un batteur Danny Peppermans (un jeune talent champion de batterie dans la catégorie junior) et Leon fut remplacé par Jos Raes à la basse. Tim quitta le groupe et fut remplacé par un leader étudiant, Andre de Broeck.
En Aout 1960 ils changent de nom et s’appellent les Jokers. Un soir ils cloturent la soirée dans le dancing des parents de Jos en interprétant Cecilia, une chanson du folklore flamand adapté en Rock.
Dans la salle L. Maréchal, un directeur artistique de Philips fut intéressé. Ils enregistrèrent cecilia rock et furent classés au Hit parade.
En 1962 Andre et François de Boek quittent le groupe et Ronny Sigo arrive. Ronny dont le père est accordéoniste, aime la musique depuis son plus jeune âge. A 2 ans il chantait , à 6 il jouait de l’accordéon comme papa et à 10 ans il apprenait la guitare.
Ronny Sigo se rappelle se son premier morceau de guitare: Tea for Two. Il lui avait été enseigné à la manière jazzy par le fameux guitariste belge Marcel Bossu. Ronny fit ses débuts avec Burt Blanca dans les King Créoles, puis il a fait un détour par les Bonanzas avant de rejoindre les Jokers en 1962.
Ils enregistrent Manneken twist et Patokaan, Ronny avait alors 15 ans !
Début 1963 L.Maréchal leur propose un nouveau contrat pour jouer avec le label Marshall. Ce sera un premier instrumental: Caravan et Daughter of the Moon chanté en anglais.
Puis c’est le grand saut. Ronny se souvient « :Nous répétions à Anvers, prés d’un café que nous fréquentions. Là on côtoyait un gars qui parlait beaucoup de musique avec nous. Un jour il a souhaité nous voir en répétition. Puis il s’est présenté L. Maréchal, agent artistique. Il nous a proposé de signer dans sa maison de disque: Marshall. (Pour la petite histoire, il est devenu millionnaire dans les années 80 avec la Danse du Canard !)
A partir de 1963 les Jokers jouent aux quatre coins du pays, ainsi qu’en Allemagne. Puis durant l’été 1963 ils sont engagés en Espagne au Florida Park où ils jouent pendant deux mois, Cliff richard sera un moment la tête d’affiche. Polydor Espagne leur propose alors d’enregistrer un album instrumental. Ce sera le mythique In Spain, qui n’est sorti qu’en Espagne et au Japon. Le contrat fut obtenu à la vue de leur matériel. Un agent de Chez Polydor lorsqu’il a vu leur matériel sur la scène a voulu tout de suite les enregistrer !
L’année 1963 est l’année de la professionnalisation du groupe, ils s’équipent de Fender, ils répètent beaucoup et ont trouvé leur style. Ils ont en fait été très influencés par les groupes indo Rock Hollandais.
De retour en Belgique ils signent un nouveau contrat chez Discostar dirigé par louis Van Rymenant ( Tony Rendall). Ils enregistrent Song of Delila et Moscow Guitars (composé par Rover et Rendall: les jokers). Ce morceau deviendra un classique de l’instrumental repris par des dizaines de groupes. Ils ajoutent à cela Ronny Boy un arrangement du classique Danny Boy en style indo rock. Puis ils adaptent un morceau du folklore Yougoslave March to Drina qui deviendra lui aussi un classique repris entre autres par Les Spotnicks.
1964 sera le sommet musical des jokers avec Tabou qui fera la meilleure vente. Discostar est resté discret sur le nombre d’exemplaires vendu, mais il était considérable.
1965 les voient enregistrer la danse du sabre puis l’album Xmas Guitar. Puis Go Discotheque qui sortira aussi au Japon. En 1966 leur production discographique reste élevée avec l’album Play all Time Hits suivi de Go Latin et enfin l’ album New Sound paru chez Arcade.
En 1969 ils s’essaient aux titres vocaux avec good Bye my love. En 1970 Jos Clauwers et Ronny Sigo ouvrent un studio d’enregistrement en fondent un label: Reward. En 1971 c’est l’heure du dernier album Spider très influencé par le courant psychédélique.
En 1975 Ronny Sigo sort un album dans la série grand public d’EMI chez MFP Guitar Boogie. Il y aura 4 volumes. Le 1 et le 3 sont des rééditions des jokers, le volume 2 est joué par Johnny Silent & the Phantoms dans un style très Jokers, le vol 4 est plus Jazzy par Johnny Silent & the Bobby Setter Band.
Piet MUYS et Jean BACHELERIE
Interview
Que sont-ils devenus ?
Ronny est toujours musicien de studio, compositeur et arrangeur. Jos a toujours son studio. Ronny a même réenregistré pour un label japonais The Fabulous Jokers Go Latin en 1992.
Jos Raes est électricien et Danny Peppermans tient un bar à l’embouchure de l’Escaut à Timsit. Il faut noter que Danny avait tenté sa chance au Foot dans les années 60 avant de revenir en 1973 avec ses copains derrière la batterie. Freddy Hendrickx l’avait suppléé pendant son absence.
Pourquoi les Jokers ?
Jos : Au début nous étions un trio, nous cherchions un nom. On s’est dit que pour réussir il nous faudrait beaucoup de chance. Nous avons pensé au jeu de carte et le joker nous est venu à l’esprit.
Leurs influences musicales ?
The Shadows, the Ventures.
Aujourd’hui Ronny aime Stevie Wonder, Earth Wind and Fire.
Un regret ?
Jos et Ronny : Ne pas avoir fait de tournée au Japon en 1963 quand notre album était deuxième vente derrière Brenda Lee.
Pourquoi avoir arrêté ?
Jos : un jour j’ai vu un célèbre musicien de Jazz qui jouait du piano dans un bar. En le voyant je me suis dit à 30 ans au plus tard je raccroche. Depuis 1971 je n’ai plus jamais touché une guitare !
Ronny : j’en avais marre de jouer toujours les mêmes morceaux. La concurrence devenait aussi plus forte et les autres membres du groupe n’était pas musicalement assez fort pour continuer. En un mot on était grillé.