Interview de Johnny Liebkind, batteur.
Quand as tu commencé à faire de la musique ?
J.L. : Mon père a joué du violoncelle, c’était son passe temps. Il a joué du violoncelle dans l’armée Finlandaise, il jouait dans l’orchestre symphonique de l’armée. En dehors de cela c’était un homme d’affaires. Il aimait la musique et il m’a fait faire du violon dés l’âge de 5 ans.
Quand j’avais 7 ans, je me suis cassé le bras. Alors je me suis mis au piano, j’ai joué jusqu’à l’âge de 14 ans. J’ai commencé la batterie à 13 ans.
Ton premier souvenir de Rock and roll ?
J.L. : le premier morceau de guitare électrique que j’ai entendu c’était Walk don’t run et No trespassing par the Ventures à la fin des années 50. Cela a fait tilt, c’était cette musique que je voulais jouer. Je dois reconnaître que mes parents ne partageaient pas mon enthousiasme. C’est ainsi qu’avec les Strangers nous fûmes les premiers groupes de Rock Finlandais. Nous avions le premier bassiste à la basse électrique en Finlande en 62 : Peter Eckman. En fait le groupe s’est formé fin 1960, j’avais 15 ans, notre soliste Henrik Granö, était un brillant viloniste. Bobbi Söderblom était à l’accompagnement. Peter et Stan étaient les techniciens. Ils ont changé les micros des guitares. On s’est équipé de chambre d’échos Binson.
Comment est venue l’idée de former un groupe ?
J.L. : La passion pour le Rock and Roll. Le Rock était non seulement une musique mais aussi une façon d’être, il nous donnait une identité.
Vos parents vous ont-ils aidé ?
J.L. : Oui , ils m’ont acheté ma première batterie à 14 ans, les parents ont acheté les instruments. En plus le père d’Henrik était directeur chez Philips. Ils nous a offerts de bons amplificateurs.
Quels sont les musiciens qui vous ont influencé ?
J.L. : The Shadows, bien sûr. Leur musique était simple et avait quelque chose d’attirant.
Quand avez vous joué en public pour la première fois ?
J.L. : En 1961 nous avons joué dans une grande école du nord d’Helsinki.
Comment avez vous décroché un contrat chez Fontana ?
J.L. : Il y avait des gens qui recherchaient de jeunes talents. Un jour l’un d’eux nous a entendu jouer dans un club d’Helsinki. Il nous a proposé d’auditionner et nous a engagé pour faire un disque, en nous précisant, ne vous attendez pas à grand chose. On est allé enregistrer fin 1962. On a enregistré Emma / Mandshurian beat.
J’avais fait les arrangements avec Henrik. Peter avait choisi les deux titres deux valses réadaptés en Rock.
On a répété et recherché le bon son. Puis durant les vacances de Noël 1962 on a enregistré.
J’ai demandé à l’ingénieur du son de mettre plusieurs micros pour la batterie, il était surpris, il m’a dit comme Art Blackey. Il a mis des micros partout. On a enregistré tout l’après midi et la soirée. Le mixage a été fait dans les jours suivants.
Le studio était un vieux studio équipé de matériel Philips qui appartenait à une entreprise de piles électriques.
Quel est ton meilleur souvenir ?
J.L. : Durant l’été de 1963 on a joué à Savonliinna, au château où sedéroule le festival de Savonliinna consacré à l’opéra. C’était en mai, il y avait une grande fête pour les écoliers, le son était fabuleux avec un écho naturel du aux murs épais de ce château moyen âgeux. Il y avait des milliers de jeunes et le soleil brillait sur le lac en ce début de soirée.
Un autre beau souvenir, c’est lorsque nous répétions dans l’archipel (une région côtière composée de milliers de petites îles au sud ouest de la Finlande. Nous étions dans la maison de campagne de Peter. L’eau de la baltique était calme, elle ressemblai à un miroir, il n’y avait pas de vent. On a joué quelques morceaux lents, tout l’archipel résonnait de notre musique, nous renvoyant les sons en un écho fantastique. Les bateux de vacanciers se sont rapprochés du lieu où nous répétions, on jouait Peace pipe et lonely guitar. C’était durant l’été 62.
Un autre beau souvenir est Noel 1963, nous étions en vacances aux Canaries. Par erreur nous sommes allés sur une plagé fermée, il y avait de grandes tentes. Là nous avons vu Cliff Richard et the Shadows, ils tournaient Summer Holiday ! Le soir on est allé leur dire bonjour.
Deux jours plus tard on ajoué avec eux pour le plaisir. Ces vacances sont doublement mémorable car c’est là que j’ai rencontré ma future femme !
Un regret ?
J.L. : De ne pas avoir eu la permission d’aller faire une tournée au Japon en 1963§
Tu as fait des tournées en Finlande ?
J.L. : Oui , on aurait pu en faire en Europe, mais là encore nos parents ne voulaient pas que l’on sacrifie nos études. On ne pouvait faire de tournées que pendant les vacances d’été en juin juillet. C’est ainsi qu’on a fait quelques galas avec the Spotnicks. Ils avaient un système différent, tous les instruments étaient reliés aux mêmes hauts parleurs. Nous avions une autre philosophie, chaque instrument devait avoir sa propre voie.
Comment le groupe s’est il séparé ?
En 1965. En 64/65 j’étais très occupé par mes études, je dois dire que j’ai deux dons : les chiffres et la musique.
Le service militaire et les études ont eu raison des Sounds. J’ai eu envie de continuer alors je me suis mis à chanter et ça a marché j’ai eu onze disques d’or ( 25.000 ecxemplaires en Finlande pour avoir un disque d’or). Mon premier tube fut la version finlandaise de Lucky lips de Cliff Richard. Je l’ai enregistré en 1963. Puis j’ai fait Long tall sally en 64, Sunny afternoon en 66, the more I see you en 66, I could easily fall in love en 65, concrete & clay en 65, Don’t think twice, day dream, in the country, en 67, sunny girl en 69, avec Ann Christine Show me the way et come on my house en 65, from me to you, et I want to hold your hand, puis en solo Flowerson the wall en 66, Felicia en 67, Il moi mondo en 68, Rain on the roof en 67 et Kicsit szomorka’s en 70.
J’avais 2 à 3 disques d’or par an de 64 à 70.
Puis en 70 je suis allé fairee mon service militaire, J’ai encore eu un disque d’or avec wonderful morning , numéro un en Finlande. Là j’ai décidé d’arrêter. La maison de disques était incrédule, comment peut-on arrêter en pleine gloire ? J’avais envie de faire autre chose. J’ai travaillé chez Readers digest, je m’occupais de leur publications de disques. Puis je suis allé travailler à la compagnie pétrolière nationale : Neste. Puis j’ai travaillé pour une banque.
Combien les Sounds ont-ils vendu de disques ?
J.L. : Nous avons vendu 100.000 exemplaires d’Emma en Finlande et dans les pays scandinaves. Mais la plus grosse vente est Mandshurian beat, 1.300.000 au Japon.
Nous avons eu une idée de notre succés lorsque l’équipe Finlandaise d’athlétisme est revenu des Juex Olympiques de Tokyo. Ils ont dit que le plus gros succés là bas était Mandshurian beat. Ils en avaient rapporté quelques exemplaires sans savoir que nous étions Finlandais.
En fait ce morceau rappelait aux Japonais le territoire perdu de Mandchourie. De même que Alpen Roos par les Violents est inspiré paraît il du Horst Wessel Lied, le chant des Nazis !
Quels étaient vos premiers instruments ?
J.L. : Les premières guitares étaient des Hoffner, mais nous avons enregistré avec des Fender, on jouait aussi avec Rickenbacker, mais surtout avec des Fender. Parfois Peter utilisait une Hoffner basse. Moi j’ai commencé avec une batterie Premier puis j’ai eu une Ludwig avec des cymbales Zilian.
Tes musiciens et chanteurs préférés ?
J.L. : Presley, Bobby Vee, que j’ai connu en en tournée. Bobby est d’origine Finlandaise. Buddy Holly et les Crickets, the Ventures, the Shadows, Cliff.
Aujourd’hui ?
J.L. : J’aime toujours la guitare et le classique, en particulier le violon. Le violon peut exprimer des sentiments comme une guitare. J’aime toutes les musiques.Mais je continue à aimer le Rock et la Pop.
Ton batteur préféré ?
J.L. : Tony Meehan, il avait une frappe très dynamique, et Ringo Starr.
Tes chansons préférées ?
J.L. : Blue suede shoes et Kon Tiki.
Comment as tu découvert le Rock and Roll ?
J.L. : le père de ma future femme Barbara, était professeur d’université et il enseignait de temps en temps à New york. Il nous rapportait beaucoup de disques c’est comme ça que j’ai découvert les Ventures .
Tu connais des groupes français ?
J.L. : Oui en 1962 je suis allé à Juan Les Pins. Là j’ai vu les Chats Sauvages.
Que fais tu aujourd’hui ?
J.L. : j’ai une société de conseil financier Adler. J’ai 3 enfants, mon épouse est dentiste. Nos enfants sont Ron , Ken et Daniela. L’un de mes fils a été champion de Finlande junior. Maintenant il étudie la médecine.
Que sont devenus les Sounds ?
J.L. : Henrick est professeur de suédois, Peter dirige une entreprise d’importation de produits textiles, Bobi le rythmique est directeur général d’une société de machines outils. Ann Christine, qui a représenté la Finlande au grand prix Eurovision de 65 travaille à la banque de Suède.
Merci Johnny.