The Spotnicks furent les premiers scandinaves à connaître le succés en Grande Bretagne, Allemagne et France dés l’été 62. Grand admirateur de Les Paul, électronicien et bricoleur de génie , Bo WINBERG, le soliste, avait construit son propre studio d’enregistrement à la fin des années 50, et avait modifié sa guitare en y rajoutant un micro supplémentaire, qui est à la base de ce fameux son métallique, amplifié et renvoyé par des amplis et chambres d’écho, ainsi qu’un émetteur reliant sa guitare à l’amplir. Bo Winberg a 23 ans en 62. Il recrute Bo Starrander, plus connu sous son pseudo Bob Lander (employé dans l’entreprise paternelle de peinture) rythmique 20 ans, Bjorn Thelin employé de bureau bassiste 20 ans et Ove Johansson employé des postes batteur 22 ans.
Le groupe s’est appelé the Frazers, puis the Feenades en Finlande où Bo et Peter Wisnes enregistrent 2 singles : Theme from leningrad / Kon Tiki publié en décembre 61, et Ajomies (Karelia) / Two guitars qui sortira en mai 63.
En Suéde ils avaient déjà enregistré dans l’usine désaffecté où Bo a installé son studio: Ghost riders in the sky / Old spinning wheel, qui est publié par Karussell en 60.
Le groupe s’appelle Spotnicks, en russe compagnon de route, mais aussi et surtout le nom du premier satellite lancé dans l’espace par les Russes en 57.
Les Spotnicks s’habillent en cosmonautes avec leurs combinaisons immaculées et scintillantes, et se coiffent d’un scaphandre, qui sous le feu des projecteurs transforment ces superbes tenues en sauna.
Un son venu de l’au delà, un son sidéral, des tenues qui fleurent bon la science fiction, une technique musicale certaine, et un sens aigu du spectacle font rapidement de nos 4 Suédois, une attraction qui drainent le public lors de leurs tournées.
C’est ainsi qu’après s’être rodés auprès de leur public en Suède, ils débarquent en 62 à Berlin pour 3 mois (printemps/été), avant d’atterrir en Grande Bretagne à Birmingham le 31 août 62 pour une tournée d’une dizaine de jours.
Cette tournée, les Spotnicks la doivent à l’entrée au Hit parade du bientôt légendaire Orange blossom special en juin 62. Leur directeur artistique chez Karussel, leur maison de disque, Roland Ferneborg, a contacté John Schroeder des disques Oriole, qui n’hésite pas à faire venir notre quatuor spatial pour une tournée au cours de laquelle ils enregistrent leur premier album: the Spotnicks Out a space, plus connu sous le titre Spotnicks in London. Il comprend 12 titres dont l’emblématique Spotnicks theme, Moonshot, Rocket man, Dark eyes, le formidable Amapola,… et bien sûr les 2 titres enregistrés dans le studio maison de Bo Winberg à Goteborg dont orange blossom special , enregistrement travaillé comme le faisait les Paul en l’accélérant. Cet Album sortira en février 63 sur le marché britannique et se classera 20°au hit parade.
L’image des Spotnicks est forgée car en plus de cette tournée, les Spotnicks passent d’un studio de télévision à l’autre, c’est ainsi qu’ils seront à l’affiche de l’émission pour les jeunes Thank you lucky star, Saturday club sans oublier le film Just for fun.
Ce triomphal séjour en Grande Bretagne est suivi d’un saut à Paris pour un musicorama le 28 septembre 62 où la vedette est tenue par Adriano Celentano. Les Spotnicks partagent l’affiche avec les Fantômes, les Champions, les Copains, José Salcy et Danyel Gérard, et interprètent 4 morceaux une version courte de Spotnicks’ theme, Rocket man, Johnny guitar et Hey good looking. Le public est enthousiaste et ne veut pas lâcher les Spotnicks.
Leur maison de disque en France Président a sorti un EP qui regroupe les 2 simples Anglais avec les 2 tubes Orange blossom special et Spotnicks theme, la composition de Bo Winberg. le succès est immédiat. Aussi Président met sur le marché un 25 cm avec 8 titres du LP Londonien et en prime Telstar et carry me back. Ce premier succès conduit à programmer les Spotnicks au Musicorama du 18 décembre où ils partagent l’affiche avec Dalida et l’étoile montante Claude François.
Dans la foulée, ils vont enregistrer chez Président leur deuxième LP, the Spotnicks in Paris avec 13 titres dont un tube composé par Albert Raisner Last space train (dernier train de l’espace), Happy guitar, le fameux Old faithfull, le très connu Pony express et des chansons comme Say mama de Gene Vincent, chanté par Bob Lander. Cet album enregistré à l’occasion d’une tournée en France est le 3° album publié à Paris. Entre temps il y a eu Devenez le soliste des Spotnicks qui est un des premiers album Karaoké, puisque les Spotnicks jouent leurs tubes avec et sans guitare solo, pour permettre aux guitaristes en herbe de jouer avec leurs idoles.
En 64 Les Spotnicks vont faire une grande tournée Européenne qui les mènera en France. Au plan discographique nous retrouvons les Spotnicks in Spain, enregistré à Stockholm fin 63 avec un nouveau batteur Derek Skinner, les tubes seront Drina qui connaîtra le top ten en Hollande, Spaceship rendez vous (Outlaws) des Outlaws, San Antonio Rose, Windy & warm de J.Loudermilk…
L’épopée musicale se poursuit avec the Spotnicks in Stockholm enregistré en 64 avec beaucoup de chansons, sous la pression de la vague montante du Merseybeat et de la Beatlemania. Le succès est Cape Kennedy de Bo Winberg.
Leur succès en Allemagne les conduit en 64 a enregistré à Stockholm Spotnicks in Berlin dont on retient Ku Damm promenade, Karelia et divided city. Ce disque marque une étape, puisque avec le suivant enregistré en 65, les Spotnicks s’adjoignent un 5° musicien en la personne de Peter Winsnes à l’orgue et au chant. Cet Album Spotnicks at home in Gotheborg retient l’attention pour space walk de Bo Winberg, et leur bonne version de In the mood.
Fin 65 ils enregistrent un album totalement instrumental » in Tokyo « , qui servira à soutenir leur première tournée au Japon. Un nouveau batteur monte à bord en la personne du 5° Beatles Jimmy Nicol. Ce Lp comprend le très bon husky, from Russia with love, autumn in Japon.
En fait durant prés de 6 mois de fin 65 au printemps 66 , les Spotnicks ont fait une tournée mondiale, qui donnera l’album around the world avec son excellent sentimental guitar. De retour en Suède, ils enregistrent in Winterland dédié à Noël avec Jingle bells, White Xmas, silent night.
67 voit la sortie de leur premier album en public » live in Japan « , avec les principaux tubes Spotnicks theme, Last space train, Johnny guitar, hava naguila, Karelia…. En 67 toujours notre quintet sidéral enregistre à Mexico » in Acapulco » Jimmy Nicol s’en va et laisse sa place pour les derniers morceaux à l’excellent Tommy Tausis, 21 ans, le meilleur batteur de sa génération. Quelques titres resteront dans nos mémoires Moscow, wham, tinta verde, Suspicion et El toro bravo.
Cet album marque un peu la fin d’une époque, d’autant que le bassiste Bjorn Thelin est appelé sous les drapeaux. 2 albums suivront en 68 » in the groove » qui ne restera pas dans les mémoires, puis by request qui est le chant du cygne avec sleepwalk et Eleanor Rigby. Le groupe savait qu’il se séparerait aprés ce dernier album. Les Spotnicks ont vendus prés de 10 millions de disques, ils ont révolutionné la musique avec leur son sidéral, bien avant l’arrivée des synthétiseurs et du son numérique.
Les Spotnicks ont continué à sortir des albums avec autour de Bo Winberg des musiciens de studios dans les années 70. Au début des années 80 ils se reforment le temps de quelques enregistrements.
Mais la magie du son sidéral n’est plus là. Bo Winberg ressort régulièrement des albums avec des guitaristes comme Albert Lee, un de ses grands admirateurs. En mai dernier pour la première fois depuis les années 70 Bo Winberg et Bob Lander ont joué ensemble près de Dortmund en Allemagne dans le cadre d’un festival 60’s avec Les Searchers, les Troggs, Lords …. La magie des Spotnicks est revenue sur terre le temps d’une belle soirée de printemps. Bob Lander et Bo Winberg envisageraient de faire revivre les Spotnicks. Que les cieux les entendent.
Jean BACHELERIE